Petit retour sur l'histoire
Au dix-huitième siècle la révolution Américaine mit fin à un commerce triangulaire très lucratif et bien installé qui fonctionnait de la manière suivante. Philadelphie, New York et d’autres ports d'Amérique du nord embarquaient des centaines de quintaux de farine à destination de la Jamaïque, de la Barbade et d'autres iles productrices de canne à sucre, afin de nourrir les esclaves des plantations. En échange les armateurs obtenaient du sucre et du rhum à destination du royaume uni où ils réembarquaient des produits manufacturés à destination des ports d'origine.
Les Anglais, à la fin de la guerre civile, dénoncèrent ce protocole à la réprobation des Américains et des planteurs de canne qui éprouvèrent des difficultés à trouver de nouvelles sources d'approvisionnement pour nourrir leurs esclaves.
Le Capitaine Cook lors de son premier voyage dans le Pacifique avec l'Endeavour découvrit une solution possible.
Joseph Banks botaniste qui participait à l'expédition attira son attention sur les fruits de l'arbre à pain dont la pulpe farineuse à chair blanchâtre se comportait sensiblement à la cuisson comme notre pâte à pain.
Plusieurs membres du gouvernement furent séduits par cette théorie et on décida d'envoyer un bateau à Tahiti pour ramener un millier de jeunes plans d'arbre à pain afin de les implanter dans les Caraïbes.
Le périple de la Bounty
La marine royale acheta un petit trois mâts appelé Bethia rebaptisé Bounty, on l'amena à Depford le 26 Mai 1787 pour l'équiper spécialement en vue de l'expédition.
Le navire jaugeait 215 tonneaux, avec un pont de 90 pieds 10 pouces de long et 24 pieds 3 pouces de large, armé de quatre canons et de 10 couleuvrines. (pour comparaison, l'Endeavour jaugeait 368 tonneaux).
La transformation commença en Juin 1987 et une grande partie du navire fut transformé en "jardin flottant", avec un botaniste et un assistant pour veiller sur la cargaison. En conséquence de ce manque de place, il n'y avait de cabine pour personne y compris les officiers, excepté le Capitaine.
Le lieutenant William Bligh prit le commandement du navire grâce à l'influence des banquiers commanditaires, et la Bounty prit le large de Portsmouth le 23 Décembre 1787 avec 47 hommes d'équipage à destination de Tahiti, là ou le capitaine Cook avait trouvé les arbres à pain.
Après dix mois d'une traversée extrêmement éprouvante sur l'Atlantique et le Pacifique, essuyant une terrible tempête au cap Horn et nécessitant un changement de direction vers le cap de Bonne espérance, le Capitaine faisant preuve d'une tyrannie caractérisée envers l'équipage, il entra plusieurs fois en conflit avec Fletcher Christian son premier Maitre.
Fouet "chat à neuf queues" |
Punition au fouet |
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Accueil tahitien |
Carte île Otaheiti |
Le navire accosta enfin à Tahiti où par nécessité il fallut attendre six mois avant de repartir avec la cargaison de plants d'arbres à pain.
Les marins vécurent une merveilleuse période et nombre d'entres-eux trouvèrent des compagnes indigènes, si bien que lors du départ l'enthousiasme était très limité, de plus les plants d'arbres à pain nécessitaient beaucoup d'eau et le Capitaine Bligh n'hésita pas à réduire les rations de manière drastique, son comportement tyrannique prenait des proportions inquiétantes ....
La mutinerie et ses conséquences
L'histoire de la mutinerie de la Bounty a pu être retracée d'après le journal de bord du capitaine William Bligh, le journal personnel du second maître James Morrison ainsi que le témoignage de John Adams, dernier survivant des mutins de la Bounty.
Le voyage aller est rendu difficile par le caractère irascible du capitaine Bligh. Colérique celui-ci réprimande sévèrement l'équipage et donne le fouet avec beaucoup trop de générosité au goût de ses hommes.
Aussi, le 28 avril 1789, la célèbre mutinerie éclata le 18 avril 1789, dirigée par le premier maitre Fletcher Christian 3ème officier et le maitre d'équipage Ned Young aidés de 8 membres de l'équipage s'empare du navire au petit matin.
Le capitaine Bligh et ses fidèles membres de l'équipage, 19 hommes en tout, sont embarqués à bord de la chaloupe de la Bounty et abandonnés au milieu de l'océan Pacifique avec un minimum de vivres... Deux mâts avec leurs voiles, quelques clous, une scie, une demi-pièce de toile à voile, quatre petites pièces contenant cent vingt-cinq litres d'eau, cent cinquante livres de biscuit, trente-deux livres de porc salé, six bouteilles de vin, six bouteilles de rhum, la cave à liqueur du capitaine, un compas et un sextant et laissés aux environ de l'archipel des TIMOR (peuplés de cannibales). Voilà tout ce que les abandonnés eurent permission d'emporter. On leur jeta, en outre, deux ou trois vieux sabres, mais on leur refusa toute espèce d'armes à feu. |
Avec un extrême courage, le capitaine Bligh et ses compagnons d'infortune atteignirent le port de Coupang dans l'Ile de Timor, après un voyage de 3500 miles qui avait duré 42 jours.
Les mutinés reprirent la direction de Tahiti où ils rembarquèrent avec 36 indigènes (19 femmes, 6 hommes et un bébé). Les nouveaux embarqués commencèrent à se quereller et neuf d'entres-eux qui ayant peur d'être retrouvés voulurent repartir avec à leur tête Fletcher Christian.
Ils errèrent pendant environ deux mois à travers le Pacifique sud à la recherche d'une ile inhabitée éloignée des routes maritimes fréquentées.
Après avoir navigué dans les Iles Cook, Tonga, les Fidji orientales, sans avoir trouvé d'endroit susceptible d'assurer leur sécurité, alors qu'ils perdaient toute confiance, Christian se rappela un repère aperçu sur une carte concernant l'ile de Pitcairn très peu connue et à l'écart des routes maritimes.
Ils mirent le jour même le cap sur cette terre promise et l'atteignirent au début de l'année 1790, le 15 Janvier. Après avoir vidé la Bounty de ses provisions, ils l'incendièrent. |
Île de Pitcairn |
Les descendants de Fletcher Christian et de ses compagnons vivent encore aujourd’hui sur cette île.
Situation de Pitcairn
Les autres mutins qui avaient choisi de rester à Tahiti furent capturés par le capitaine Bligh et réembarqués vers l'Angleterre à bord du H.M.S. Pandora, Ils furent traduits en cour Martiale.