Le marae

Le terme "marae" désignait en principe une place, ou un espace découvert où se tenaient des activités communautaires. En Polynésie, à l'époque des premiers contacts avec les européens, "marae" avait un sens restreint. Il désignait l'espace consacré à des activités socio-religieuses ou cérémonielles. Le terme "marae" fut traduit par les premiers navigateurs par le mot "temple" cependant, il était bien plus qu'un centre d'activité religieux. Il était également le lieu d'une vie sociale et politique intense.

Fonctions du marae

Dans la société polynésienne traditionnelle, le marae occupait plusieurs fonctions :

    • religieuse : c'était un lieu de culte où les prêtres (tahu'a) assuraient le service religieux.

    • politique : tous les gouvernements devaient avoir un marae, lieu de consultation des chefs

    • sociale : symbole d'une chaîne généalogique, il indiquait la position sociale. Plus un marae était  ancien et important, et plus les ayant droits étaient d'un rang élevé.

    • foncière : le nom du marae était toujours placé avant le nom d'un propriétaire. Il indiquait non seulement le rang mais servait de titre de propriété.

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Son organisation

Le marae était un enclos de forme rectangulaire dont les murs de pierres entouraient un "autel" (ahu). Des pierres dressées servaient à la fois de reposoir aux ancêtres ou aux Dieux, et de dossiers aux officiants. Plusieurs décorations cernaient l'enclos, comme les "unu" (sculptures en bois ornées de motifs géométriques).
Le marae était entouré de nombreuses constructions, tel que le "fare ia mahana", la maison des trésors sacrés (tambours, nattes, vêtements des prêtres, …), et le "fare tupapa'u", où l'on célébrait le culte des morts.

Sa construction

 

L'emplacement d'un "marae" est choisi suivant certains critères :

•  les promontoires côtiers, surtout lorsqu'ils étaient proches d'une passe navigable permettant l'accès au lagon ;
•  les sites qui se trouvaient près de points d'eau car ce sont des secteurs bien drainés et non inondables ;
•  dans les îles Sous-le-Vent, les sites proches des carrières d'où provenaient les grandes dalles de corail que l'on utilisait pour la construction des "marae", étaient souvent choisis.

 

Après avoir choisi le terrain et rassemblé les pierres, celui-ci est nettoyé et arrosé soigneusement par les prêtres avec de l'eau de mer pour le rendre sacré.

Les pierres utilisées pour la construction variaient selon le lieu du marae :

  • aux îles de la Société, il s'agissait toujours de pierres sèches.

  • aux îles Sous-le-Vent on utilisait surtout des dalles de corail, des blocs de roches basaltiques …

Le "ahu" avait souvent l'aspect d'une petite pyramide à étage. Les murs de l'enceinte du "marae" et le "ahu" pouvaient être composé de galets de rivières.
Chaque pierre d'un "marae" est placée d'une certaine façon afin que le site soit dans l'estime des Dieux.

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Marae national et international

Généralement plus importants de taille et plus élaborés d'architecture, ces marae étaient réservés aux rois (ari'i). Ils étaient souvent situés sur des promontoires, hors des villages, ou à proximité du rivage, pour être accessibles des pirogues venues des districts plus éloignés. Les sacrifices humains n'avaient lieu que sur ces marae.

Marae international de TAPUTAPUATEA

L'origine du marae Taputapuatea du district d'Opoa (Raiatea), premier des marae Tapuapuatea érigés en Polynésie orientale, fait l'objet de multitude de récits, seuls véhicules de l'histoire polynésienne, de tradition orale. Pour Teuira Henry, auteur de « Tahiti aux Temps anciens », le marae serait le plus ancien des marae arii . Il n'aurait pas toujours été un marae international, mais, c'était un marae national du nom de Tini-Rau-Nui-Mata-Te-Papa-O-Feoro (Myriades fécondes qui gravèrent les roches de Feoro), avant la naissance d'Oro à Opoa.

Les huit pierres qui le composaient représentaient huit rois qui auraient régné sur le pays. Quand Oro, le roi de la guerre naquit à Opoa, selon la légende, son père lui donna pour demeure Opoa et le marae Feoro. Oro devint très puissant et reconnu par les habitants de Raiatea et des autres îles comme le dieu suprême. D'autres récits ne font remonter l'origine du marae d'Opoa qu'à une période relativement récente (17-18e siècle), à partir d'une pierre issue d'autres marae (marae Farerua de Bora Bora selon Marau ou marae Vaeara'i de Raiatea selon le Professeur Emory). Teuira Henry a qualifié le marae Taputapuatea d'Opoa de marae international en raison de son rayonnement dans le monde maohi. En effet, les prêtres, les chefs guerriers s'y rendaient périodiquement, venus de tous les coins du Pacifique : Tahaa,

Bora Bora, Maupiti, Rarotonga, Rotuma (Fidji), la Nouvelle-Zélande. Ces pays formaient une grande alliance politique, religieuse et économique.
 
Considéré comme international, il a fait l'objet de travaux de rénovation en 1994-1995. Aujourd'hui entièrement réaménagé, le marae de Taputapuatea est devenu un site touristique.

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